Le Schuylkill, tour iconique de la Principauté de Monaco, nichée au creux du boulevard de Suisse et de l’avenue de la Costa, plonge le regard vers la Méditerranée, mais aussi vers le futur. Ancrée depuis plusieurs décennies dans la côte rocheuse, la tour est arrivée au bout d’un cycle de plus de cinquante ans. Cinquante ans, c’est la durée de vie pour laquelle un bâtiment est construit en moyenne. Pourtant, nombre de bâtiments se tiennent encore fièrement, même plusieurs siècles après leur construction. Souvent issus d’un héritage culturel fort, ils sont rénovés selon des critères stricts de conservation. Qu’en est-il des immeubles de logements des années 1970 ? L’architecture de cette époque est souvent digne d’intérêt mais rarement de conservation au sens des monuments historiques. Aussi, c’est souvent la volonté inaltérable de leur propriétaire et/ou de leur maître d’ouvrage qui permet de prendre cette décision ambitieuse de rénovation globale. Cette même volonté a encouragé la SAM à rénover le Schuylkill. C’est aussi un partage de cette volonté avec l’équipe de Maîtrise d’œuvre, menée par les idées audacieuses de l’agence Zaha Hadid. Ou comment, par le travail architectural et technique, il est possible d’ancrer une tour de logements des années 70 dans les enjeux environnementaux actuels et à venir.
Pour accompagner cette transformation profonde, le Schuylkill s’est inscrit, à la demande de son Maître d’Ouvrage, dans une démarche environnementale exemplaire : BD2M (Bâtiment Durable Méditerranéens Monaco). Cette démarche, initiée et portée encore aujourd’hui par l’association Envirobat BDM, s’organise autour de 7 thématiques et d’un ensemble de prérequis par niveau. On distingue 3 niveaux pour les projets BD2M : Bronze, Argent et Or. Trois évaluations sont nécessaires pour garantir le niveau atteint par le projet : en conception, à la fin de la réalisation et après deux ans d’exploitation. Cette démarche assure un suivi plus long qu’une certification classique et garantit ainsi la performance à toutes les phases clés du projet.
À l’issue de son passage en commission de conception, le projet a atteint 75 points, dont 9/10 en cohérence durable et 4/5 en innovation.
Les 7 thématiques de la démarche BD2M ont permis d’établir un cadre d’ambitions globales, auquel ont été ajoutées des recherches ciblées de performances de pointe afin de pousser le plus loin possible les conditions de confort et de durabilité du projet.
Le Schuylkill, c’est un bâtiment économe en énergie :
L’ensemble de ces dispositions aboutit à une réduction des consommations énergétiques du bâtiment de plus de 50 % (comparaison avant/après réalisée au moyen du calcul réglementaire thermique monégasque – RE Monaco).
Le Schuylkill, c’est aussi un bâtiment qui recycle ses eaux grises :
Grâce à un système innovant développé par FGWRS et mis au point pour le projet, l’ensemble des eaux grises pourra être recyclé et réutilisé pour le nettoyage et les sanitaires des premiers niveaux. Ce dispositif permet ainsi de préserver plusieurs centaines de mètres cubes d’eau potable par an, réduisant les impacts environnementaux liés (impact d’un traitement plus lourd lorsque les eaux grises sont mélangées aux autres types d’eau et coût d’acheminement vers les structures de traitement).
Le Schuylkill, c’est également un bâtiment décarboné :
Un soin particulier a été apporté au choix des matériaux et des équipements. La quasi-totalité de la structure est conservée en place, une campagne de réemploi des éléments déposés est intégrée au chantier pour une valorisation ex-situ, et les matériaux ont été sélectionnés en tenant compte de leur impact carbone (isolants avec liant végétal et issus du recyclage de verre). L’analyse de cycle de vie (ACV) réalisée pour le projet montre un impact carbone global de 623,1 kg eq. CO2/m², ce qui est très largement inférieur à l’impact d’une construction neuve très performante (seuil fixé en France à 750 kg eq. CO2/m²).
La rénovation lourde permet de maintenir en place la structure, qui est souvent très coûteuse en termes d’impact carbone. Un tel bâtiment, s’il était construit neuf, aurait un impact carbone au moins deux fois supérieur à celui que nous atteignons. Cela illustre parfaitement l’engagement du projet dans la lutte contre le changement climatique. Un engagement fort pour l’avenir.
Enfin, le Schuylkill, c’est un projet conçu pour le confort de ses usagers
De nombreuses études microclimatiques ont été réalisées pour asseoir les choix effectués en conception (étude de confort aéraulique des espaces d’accès extérieurs, des terrasses et balcons, étude d’îlot de chaleur urbain pour intensifier le dessin paysager et les strates, et enfin, simulation thermique dynamique justifiant le confort thermique estival dans les espaces intérieurs, etc.).
Le point commun de toutes ces études a été d’accompagner la conception du projet vers une architecture, un paysage et une technique adaptés aux besoins d’aujourd’hui, tout en garantissant la continuité de ce confort face aux projections du GIEC relatives au changement climatique (hausse des températures, baisse des ressources hydriques, raréfaction des ressources, etc.).
Simulations d’ICU avant-après intervention – Effets positifs du projet sur l’effet d’îlot de chaleur nocturne (indice de réflexion de la façade plus fort après projet, ce qui évite l’accumulation de calorie et la transmission de chaleur la nuit dans les appartements et à l’échelle urbaine).
Simulation thermique dynamique réalisée sur chaque pièce de chaque appartement, en climat forcé actuel et en climat prédictif selon le scénario du GIEC 4.5.
Etude de confort aéraulique menée sur le projet pour caractériser le confort aéraulique des espaces extérieurs et des balcons/terrasses, comme représenté sur l’image ci-dessus.
Etude de positionnement de déflecteurs au vent, au niveau des terrasses des penthouses.